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Good times in Rural America

"Le but principal de la littérature, du cinéma ou de la musique n’est autre que de nous soustraire à notre condition humaine. Du haut de ses dix-sept ans et demi, Holden Caulfield l’avait bien compris. Dieu soit loué, le dur labeur et les sciences sont là pour nous rappeler à l’ordre. Malgré cette rationalité caractéristique de sa personnalité, Holden devait se reconnaître un goût penaud pour les ouvrages de poésie, d’aventure et de Science-Fiction, même si les bouquins d’économie et de politique faisaient illusion sur sa table de chevet. Il avait le souvenir de son père, un soir au dîner, alors qu’il devait avoir environs treize ans : Michael Caulfield exerçait la fonction de Médecin, dans leur petite ville de Selma. Pour répondre à leurs interrogations à propos des effets de la chaleur sur le corps humain, il leur avait expliqué, à ses frères et lui, comment il avait autrefois soigné un grand brûlé qui avait perdu l’usage de son bras droit, suite à un accident du travail. Outre les phénomènes de nausée, syncope et déshydratation auxquels on s’expose en cas de grande canicule, il suffit de seulement 250 degrés pour que la peau humaine prenne feu, noircisse et se fendille. Dans la soirée, Holden se souvenait avoir cherché sur l’ordinateur quelle température atteignait le centre de la terre. D’après les résultats de sa recherche, selon la profondeur, elle variait entre 3 800 et 5 500 degrés Celsius. Holden n’avait jamais repris la lecture de Jules Vernes.

Pourtant, comme tout adolescent, Holden désirait plus que tout se démarquer du schéma familial. Son père était Docteur, un homme strict, intelligent et modéré, qui offrait un cadre de vie aisé à sa famille. Sa mère était aimante et douce, respectueuse de toute volonté du Docteur. Elle passait ses journées entre tâches ménagères et secours populaire où elle était bénévole. Le couple se rendait chaque dimanche à la messe du Révérend Jones. Un autre facteur majeur dans la construction de sa personnalité, était la complicité qui le liait à ses deux frères, Junior et Cody. Holden était le benjamin, et même si aujourd’hui on les connaissait dans tous le quartier sous l’appellation des « Frères Caulfield », il avait souvent été laissé de côté, plus jeune, au profit de leur duo. Cela n’empêchait pas l’admiration émerveillée qu’il leur vouait depuis toujours."

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