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Good times in Rural America

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Sweet home Alabama

Plus jeune, Holden avait l’habitude de se demander chaque matin si la journée qui commençait serait différente des autres ou plus simplement, si elle serait de celles qu’on qualifiait de « bonnes journées ». Comme beaucoup d’enfants, il trouvait important de se focaliser sur tout un tas de détails avec grand sérieux même si ceux-là n’avaient très certainement aucun sens lorsqu’on prenait un peu de recul. A cause d’une certaine idée reçue, il faisait par exemple très attention à se lever tous les jours du pied droit et à reproduire immanquablement le même mouvement sur la moquette avec ses orteils. Puis il aimait bien compter les choses. Des trucs encore une fois dénués d’une vraie signification telle que le nombre de rayures sur les chaussettes qu’il enfilait, celui de gouttes d’eau qui n’avaient pas séché dans le lavabo ou encore les miettes de pain restantes sur la table du petit déjeuner. Enfin, pour qu’une journée démarre bien, il devait parcourir la distance entre le pas de la porte et la bordure du trottoir en 21 pas très exactement. Parfois, il oubliait et s’en souvenait à la dernière seconde. Aussi il était obligé de faire de minuscules pas de fourmis ou bien d’immenses bonds de géant pour parvenir à un compte rond. Sans qu’il n’y ait vraiment réfléchi, certains chiffres recelaient une valeur affective. Il aimait bien le 1 par exemple. Puis le 7, le 8, le 13. Le 9, c’était valeur d’un achèvement qui promettait de grandes choses, un idéal à atteindre en quelque sorte. Son nombre d’or à lui, songerait-il plus tard avec amusement. Le 21, il l’avait vu à l’école avec Miss Thayer, c’était un multiple de 7. Tout cela, ce n’était que des détails, certes. Des détails important dans l’esprit d’un môme, qui laissent des séquelles jusqu’à l’âge adulte. Une autre promesse de réussite, c’était d’ailleurs lorsque son père portait son chapeau de tweed au moment de venir lui faire un bisou avant le départ en classe. En fait, le Docteur Caulfield revêtait presque immanquablement ce chapeau les jours de grand vent. Or ceci présageait des nuages gris et donc, une pluie fine. 

Aujourd’hui, le Docteur n’embrassait plus Holden avant le passage du ramassage scolaire. 

La vie d’Holden, comme celle de tout adolescent du coin, comportait une certaine monotonie. Une routine qui ne lui était pas forcément désagréable : école, football, amis, famille, parfois musique, le tout sur un modèle cyclique, une sorte de boucle infinie, oui. Ce faisant, il n’était pas trop mauvais à l’école, il était même plutôt bon. Et puis il y avait le sport.

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En toute logique l’an prochain il quitterait Selma quelques années, histoire d’étudier le droit qui lui plaisait ou bien la médecine comme son père. Ensuite il se réinstallerait ici, épouserait une fille du coin – peut-être même Franny ? elle est jolie après tout. Ils auraient deux, trois ou quatre enfants. Chaque dimanche ils iraient déjeuner avec les petits chez leurs grands-parents. Le lundi il accompagnerait sa fille à son cours de piscine. Le samedi, ce serait les matchs de baseball de son fils. Les jours fériés, barbecue avec les collègues. Parfois le soir, en compagnie de sa femme, il dégusterait un verre de vin, puis ils feraient l’amour. Et jusqu’à la mort, sa vie serait rythmée entre le bureau, son devoir de père et celui d’époux. Cette perspective n’effrayait pas Holden. Il ne voyait pas vraiment ce qu’il aurait pu espérer de plus. Peut-être bien qu’au fond, il rêvait de visiter les quatre coins du monde, de crier partout sa joie de vivre et son désir de liberté et éventuellement, un jour, de poser un pied sur la Lune ! Mais à l’évidence, c’était le souhait de tout le monde. Et Holden n’avait rien de spécial. Aussi une petite vie tranquille et heureuse lui conviendrait tout aussi bien. 

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Face à face

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« La silhouette élancée, une coupe qui, bien qu’assez ringarde, colle plutôt pas mal à mon style. C’est-à-dire des sapes du genre rétro mais élégantes pour un pauvre péquenot d’Alabama – eh ouais, oubliez pas que je suis le fils du docteur Caulfield. Comme tout le monde le dimanche, j’enfile mes habits du dimanche. Autrement, ma garde-robe est principalement fournie de chemises en tous genre, portée ouverte sur un t-shirt. De pantalons cintrés aux chevilles, d’un ou deux vieux jeans. J’ai beau être le petit dernier de la fratrie, je fume Junior et Cody de quelques centimètres. C’est toutefois pas suffisant pour résilier cette foutue malédiction qui poursuit chaque benjamin : même si je suis le plus grand c’est quand même moi l’héritier en chef de chaque guenille de la maison. Peut-être qu’au fond je kiffe ça, me glisser dans la peau de mes frères ; ils sont cool.

Les cheveux châtain clair, les yeux noisette. A force de m’observer dans la glace je me trouve des imperfections : menton trop pointu, nez trop court, sourcils définitivement mal foutus. Rien d’assez grave pour complexer, dans le pire des cas je peux toujours demander à Franny son aide pour m’épiler.

 

Hormis quelques pièces bien spéciales, mes fringues n’avaient de très personnel que les quelques accessoires qui l’accompagnaient. Le médaillon de baptême que je porte autour du cou n’est pas franchement original : un angelot gravé en plein centre. On doit être des milliers sur cette Terre à avoir le même. En plus je le porte plus par habitude que par foi véritable. Quelques bracelets significatifs au poignet. Une chevalière à laquelle je tiens. Lorsque je dois lire, j’utilise une paire de lunettes bien spéciales. L’air d’être sorties tout droit des années 80, elles appartenaient à Monsieur Chapman, mon prof de musique. Il joue vachement bien.

 

En somme, sans chercher à me fondre dans la masse, je m’appelle Holden Caulfield et je suis un adolescent sans rien d’extraordinaire. »

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Music, football and poetry

« Certains hobbies sont plus faciles à assumer que d'autres. Le point positif c'est que je suis en mesure de tacler quiconque lirait l'un de mes poèmes. »

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brotherhood

les frères Caulfield

Le meilleur avantage que trouvait Holden à avoir deux frères, c’était qu’au moins avec eux, on ne s’ennuyait jamais. Ils avaient presque le même âge tous les trois, toutefois, s’il avait vraiment fallu définir des groupes, Junior et Cody formaient un duo qui précédait le trio que venait compléter Holden. Peut-être était-ce dû au fait que le benjamin soit un peu plus secret que les deux autres, nettement moins extraverti dans tous les cas. De plus il fréquentait encore Selma High alors que ça faisait déjà deux ans que Cody était entré dans les études supérieures, trois pour Junior. Quoi qu’il en soit, ses deux frères étaient très importants pour Holden, qui avait grandi à leur côté plus que dans leur ombre. Toutes ses premières fois, ils y avaient assisté, et même après ses premières soirées, ils étaient resté ses compagnons traditionnels de sortie. Junior et Cody avaient tout un tas de potes sympas et connaissaient tous les recoins cools du coin. Aussi leur devoir de grands frères était de traîner Holden partout où ils iraient s’éclater. Leur popularité s’étendait jusqu’à Montgomery et dans le comté, ils étaient communément désignés par le patronyme de « Caulfield brothers ».  

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